Les articles > Le FabLab en milieu rural, une dynamique au service du territoire

Longtemps associés aux milieux urbains, les FabLabs s’implantent de plus en plus dans les territoires ruraux.
Ces espaces de fabrication numérique sont bien plus que de simples ateliers technologiques : ils constituent des lieux de créativité, d’innovation, de développement économique et de liens sociaux, indispensables aux habitants et au service des communautés locales.
L’Élabo de Bellême fait office de référence dans le Perche et plus largement dans le département de l’Orne.
L’isolement géographique et une densité de population moindre
Beaucoup d’usagers ont découvert le FabLab par bouche-à-oreille ou parce qu’ils en avaient besoin et non par hasard, au détour d’une rue comme en milieu urbain. Sans voiture, et installé à l’écart du centre ville, il faut pouvoir être mobile pour y accéder.
Une chance, Bellême fait partie des lieux touristiques incontournables du Perche. En plus du tissu local, ils captent aussi les résidents secondaires et les touristes de passage dans la région.
Accès annuel et formats personnalisés
Ouvert du lundi au samedi, toute l’année, excepté pendant les fêtes de fin d’année, cette disponibilité et cette amplitude font leur force. Se rendre disponible fait partie intégrante des valeurs qu’ils défendent.Contrairement aux sessions collectives pratiquées et appréciées en milieu urbain, le FabLab propose des formations personnalisées qui garantissent un apprentissage de qualité et plus adaptées à la demande de la population. Les adhérents, une fois formés, peuvent accéder au FabLab 24h sur 24, grâce à un badge.
Soutien à l’économie locale
Le FabLab joue un rôle crucial dans le développement économique et social. En milieu rural, où les ressources sont parfois limitées, il offre des services indispensables aux entreprises et aux entrepreneurs :
– Conception et personnalisation : Broderie pour des vêtements de travail, marquage de pièces mécaniques, étiquettes pour plantes.
– Support de communication : Goodies personnalisés, panneaux de signalétique pour des piscines ou des chemins balisés.
– Accompagnement des start-ups : Formations au e-commerce, référencement numérique, et assistance à la facturation.
Que ce soit les entrepreneurs, les artisans, les associations, les habitants, tous profitent des outils et savoir-faire du FabLab à des tarifs accessibles pour tous.
Vecteur d’éducation et de partage intergénérationnel
Club collégiens : Tous les mardis midi, des élèves apprennent à utiliser les logiciels et les machines, une chance que le fablab soit situé en face du collège.
Ateliers numériques : à l’Élabo ou dans toutes les communes aux alentours, les conseillers numériques luttent contre la fracture numérique, assez symptomatique en ruralité, renforcent les liens sociaux et parfois les amènent à aller plus loin dans l’apprentissage de nouvelles technologies.
Vision d’Avenir pour 2025
L’Élabo de Bellême aspire à :
– réduire la fracture numérique en proposant des formations inclusives pour les jeunes, les seniors et les plus démunis et isolés en élargissant leur champ d’action géographique ;
– encourager un numérique responsable grâce à la sensibilisation à la cybersécurité, au cyberharcèlement, à la lutte contre les fake news, et la promotion des low tech ;
– favoriser l’innovation avec des ateliers sur l’intelligence artificielle pour accompagner les entreprises locales ;
– renforcer l’éco-responsabilité en intégrant des pratiques durables et sobres dans toutes les activités.

Mais l’Élabo, c’est avant tout un rapport humain. Il existe un lien fort entre les usagers entre eux et avec l’équipe. Un contrat de confiance qui croît, comme le nombre d’adhérents, à taille humaine, à l’échelle d’un territoire.
J’ai tissé un lien profond avec cette équipe avant mon entrée au Faclab. Ce sont des personnes passionnées, accessibles et bienveillantes, prêtes à partager leur savoir et leur enthousiasme. Grâce à elles, j’ai pu découvrir et comprendre ce que représente véritablement un espace du faire : un lieu où le champ des possibles s’élargit grâce à des échanges humains riches et inspirants. Ce n’est pas seulement un espace de création, c’est un écosystème nourri par ceux qui transmettent, soutiennent et encouragent à chaque étape.
L’équipe : Thomas, responsable de l’Élabo, arrivé en 2018, formation sciences sociales, ancien consultant en dématérialisation. Théo, conseiller numérique, arrivé en 2021, formation en marketing, actuellement en formation CCP2 et CCP3 (certificat de compétences professionnelles en gestion d’espace public numérique). Léa, conseillère numérique, arrivée en 2024, formation en assistance de direction.
« L’Élabo a beau être technophile et promouvoir les usages numériques, on insiste sur le contact humain, l’échange en personne, la voix vive et le regard direct! Oui, on propose des interfaces de réservation sur internet, mais nos noms et numéros de téléphone portable sont publics et utilisés par nos adhérents et usagers pour régler des problèmes. Oui, on a envie de rendre les gens autonomes sur les machines, mais on est toujours disponibles pour les questions, les avis, les conseils. Les machines et le parc informatique du tiers-lieu fonctionnent bien, mais les gens viennent aussi chercher un contact bienveillant. D’ailleurs, on ne surveille pas, on ne contrôle pas… on fait confiance, et on n’a jamais eu de casse, de vols, de dégradation. » Thomas
Cette approche attire l’attention d’autres FabLabs régionaux, comme La Ruche et Le Sillo de Verneuil-sur-Avre ou le futur tiers-lieu d’Andaine-Passais, venus s’en inspirer.
Cet article en lien m’a fait sourire. « La fablab » (sic) prouve que l’univers des makers, du faire ensemble est encore bien trop méconnu.
Laetitia SAUDRY,
apprenante du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15.